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Médecines multiples. Devoir médical unique

jeudi 3 mars 2011, par Marie-Claude

Par la Commission d’Ethique de l’Ordre Départemental des Médecins de Côte d’Or

Dans son bulletin de Janvier 2007

La commission d’éthique de l’ordre Départemental a réouvert ce débat souvent passionnel pour mieux tracer les devoirs et les limites de chacun sous l’éclairage de la déontologie qui s’impose à tous. II est avéré que des médecines différentes reçoivent de plus en plus d’échos favorables dans l’opinion et que l’institution ordinale se trouve dans une position inconfortable, entre le respect du libre choix des patients et la mission de repérer les frontières de l’ésotérisme.

L’ordre a le devoir prioritaire de garantir les patients contre les pratiques dangereuses, qu’elles soient le fait de médecins ou de non médecins.

C’est dire qu’il se doit d’être attentif à la conscience du soignant sans altérer la confiance du patient.

Pour exercer la médecine, le praticien s’appuie, et c’est bien normal, sur son savoir et sur ses convictions ; or, ces dernières sont respectables dès lors quelles recherchent le bénéfice du patient. Il est de l’intérêt de tous de démasquer les contrevenants.

Qu’en est-il en pratique ? Nous recevons tous au départ une formation identique, qui est aussi une conformation. La médecine conventionnelle est devenue une science basée sur des preuves, au terme d’analyses comparatives.

C’est sa façon d’évoluer, c’est sa façon de s’améliorer, et cette approche rassure notre culture occidentale. Les autres médecines manquent de ces références quasi mathématiques, mais se trouvent confortées par des références affectives ou historiques et par l’expérience humaine. Nous connaissons tous des malades nous ayant rapporté les succès de confrères pratiquant une médecine étrangère à nos pré requis.

Rejeter a priori ce qui nous est étranger confine à la discrimination. Ce n’est pas acceptable. Une attitude éthique consiste, soit à accéder à un savoir suffisant des préceptes régissant l’autre médecine, soit à adopter une politique tolérante vis à vis des principes que nous ne connaissons pas. Dans les deux cas, il convient de ne pas déstabiliser le patient qui a ses propres repères et qui doit en tirer profit.

Ce devoir de tolérance est valable pour tous. L’indispensable foi dans ce que l’on fait ne doit pas conduire au sectarisme. Il faut rappeler que notre déontologie nous impose de faire appel à des confrères lorsque nos moyens nous semblent insuffisants ou inadaptés. L’entêtement, l’acharnement ne servent pas l’intérêt du malade ; nous ne sommes pas propriétaires de nos patients.

Comment, dans ces conditions, dépister les marchands d’illusion, les thaumaturges, les charlatans qui méritent notre réprobation ? Peut-être en nous connaissant mieux, en reconnaissant le soignant plutôt que la pratique.

Nos références, à défaut d’être techniques, doivent être humaines, c’est à dire morales. Nul n’a le monopole de l’honnêteté. Le débat, pour ne pas être passionnel, se doit d’être raisonné et centré sur l’intérêt du malade.

Son adhésion à une démarche thérapeutique, quelle qu’elle soit, ne doit pas le disqualifier.

A l’un des procès de Mességué, un avocat déclara « On reproche aux guérisseurs de ne pas être médecins, moi je reproche aux médecins de ne pas être guérisseurs ! ».

C’est une réflexion que nous devons méditer.

En conclusion, évitons le terme de médecine alternative. Cette épithète suggère une exclusivité tout à fait contraire à l’éthique comme au bon sens. La tolérance de l’autre a l’avantage de l’envisager sous l’angle d’une complémentarité qui, loin de consacrer une rupture entre praticiens, loin d’imposer au malade une dissimulation de ses démarches alternes, permet de préserver un contact utile et profitable à tous.

La Commission d’Ethique

Bulletin de l’Ordre Départemental des Médecins de Côte d’Or / Janvier 2007