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Sur le débat après « Sicko »

samedi 3 novembre 2007, par Marie-Claude

Sicko est un film à voir : Michael Moore est vraiment un homme génial, plein d’humour, de provocation, de culot. Ses caricatures sur la vie, les institutions, le système américain sont là pour dénoncer, faire débat et améliorer le système de santé américain.

La moralité de ce film est bien sûr : « Il vaut mieux ne pas être malade dans ce pays capitaliste. Par contre vous pouvez être malade en Angleterre, en France, à Cuba où la solidarité exonère de payer quand on est malade. »

Cette présentation idyllique omet de préciser que notre pratique de la médecine aboutit à un déficit de 12 milliards d’euros, déficit toujours plus important chaque année. Ce film inquiète légitimement en montrant ce qui pourrait arriver en France si la sécurité sociale n’est pas sauvée et qu’elle ne rembourse plus rien, comme en Amérique. Mais il ne faudrait pas instrumentaliser ce film pour perpétuer notre système de soins, dont j’aimerais ici révéler les failles.

Ce film était suivi d’un débat ; j’avais fait beaucoup de publicité autour de cette projection et la salle était pleine ! Le débat était orchestré par l’organisateur de Ciné-Café de Nice, ainsi que par un médecin. Le médecin a tout de suite orienté le débat sur un plan politique et économique : « Il faut reconstruire la gauche ». Et de nous rappeler ce qu’est la solidarité en matière de santé : « Nous devons financer la médecine qui coûte cher, c’est normal, les gens sont très malades. ».

Ce docteur, apparemment habitué aux débats politiques, n’a pourtant pas répondu aux questions qui dérangent et qui concernent notre pratique médicale.

Les spectateurs étaient venus pour voir le film, mais aussi pour débattre de notre système de soins. Si j’avais pu participer plus longuement, voilà ce que j’aurais pu dire :

« L’économie de la santé ne sera sauvée que si elle est gérée par de bons médecins, à l’écoute de leurs patients, qui dépensent avec mesure l’argent de la santé, conscient d’éviter toutes dépenses inutiles. En particulier, un médecin qui veille à ne pas prescrire des médicaments qui sont parfois jetés à la poubelle par les patients : cela arrive bien plus souvent qu’on ne peut l’imaginer ! Eviter de prescrire des examens complémentaires inutiles et couteux avant d’avoir fait un examen clinique complet, afin de porter déjà un diagnostic. Donner des conseils fermes sur l’hygiène de vie : manger sain, équilibré et avec modération. Ne pas fumer, ni boire de l’alcool, aider efficacement ceux qui veulent arrêter de fumer et boire. Et bien sur mettre tout en œuvre pour soigner et guérir les patients. »

Beaucoup d’économies seraient possibles si on développait l’éducation de tous, pauvres et riches, en les informant sur les milles méthodes pour ne pas être malade, pour mieux se soigner sans dépendre des médicaments chimiques. En adoptant une médecine écologique.

Les assurés sociaux seraient en meilleure santé et consommeraient moins de médicaments. Moins de malades signifierait moins de déficit, et on stopperait ainsi l’augmentation des cotisations. Mais ce n’est pas vraiment le combat de ces nouveaux technocrates de gauche de la médecine : le seul message de ce médecin était « Il faut trouver des moyens pour financer la sécurité sociale ».

J’ai donc interrogé ce médecin : « Si on en est arrivé là et avant de parler de financements futurs, il faudrait peut-être analyser les causes des déficits chroniques et dénoncer les abus. Parce qu’il y en a beaucoup et depuis très longtemps ! ». Je n’ai pas obtenu de réponse, le médecin ayant estimé que l’exemple que je donnais n’était qu’un cas particulier.

Pourtant, pendant 25 ans j’ai exercé la médecine sur tous les terrains et je peux dire que j’en ai vu des abus ! J’ai remplacé plus de 200 médecins sur toute la France, j’ai fait des gardes d’urgences 3 nuits par semaine, j’ai eu mes propres cabinets sur le territoire Francais, je me suis installé en Guyane... Quand je cite un exemple, ce n’est pas qu’un cas particulier comme le prétend ce médecin.

D’ailleurs, Michael Moore démontre le scandale des assurances américaines qui assurent 55 millions d’américains à partir de 15 cas particuliers, et les qualités de la médecine française à partir d’une ou deux personnes !

Après avoir essayé de parler des abus de prescription : j’ai tenté d’aborder le thème de la Prévention.

J’ai cité l’exemple d’un patient qui a du cholestérol : il est plus intelligent, moins couteux et meilleur pour la santé de proposer à cette personne de suivre un régime alimentaire adapté pour faire baisser son cholestérol. La réponse du médecin ne m’a pas vraiment étonné : « Les malades ne sont pas médecin et ne savent pas ce qu’on peut faire comme régime ! ». Ce médecin n’a pas compris que c’est à lui à donner des conseils diététiques. Conclusion : le médecin prescrit automatiquement un anti-cholestérol sans même se préoccuper de considérations diététiques, c’est vrai que ça prend moins de temps !

Je pensais qu’il y avait désormais un cours de prévention dans les études de médecine. J’ai l’impression que c’est un cours que les étudiants ont séché ! Dans la salle, il y avait des étudiants en médecine qui font des remplacements. Concernant la prévention, ils ont admis qu’en effet « Ils n’avaient pas le temps d’en faire ! »

Ces jeunes médecins sans expérience, ni réflexion sur la moralité de leur boulot, se plaignent d’avoir 40 patients par jour : mais justement s’ils avaient une attitude orienté sur la prévention, il y aurait globalement moins de malades.

La logique de la médecine en France conduit à garder les salles d’attente pleines, à dépenser l’argent des contribuables, à gâcher l’argent des malades. Malades rendus irresponsables car les médecins les infantilise en n’adoptant pas une attitude préventive. Si chacun avait conscience de son corps et de l’importance de sa propre hygiène de vie pour éviter d’être malade, on n’en serait pas là !

Pourquoi ne pas leur expliquer comment faire pour ne pas prendre de médicaments ? Je crois que c’est parce que les médecins ne le savent pas eux-même. Malheureusement, les patients ne posent pas de question, ils sont trop soumis au pouvoir médical.

Il faut enrayer cette logique qui conduit à toujours trouver des moyens de financement pour continuer à dépenser beaucoup. Car cela conduit inexorablement à ce que les malades deviennent des gens irresponsables, consommateurs de médicaments tout au long de leur vie jusqu’à la retraite et au-delà (même si cela coute très cher). Car le déficit de la Sécu conduit à augmenter les cotisations sociales, à faire que les gens ont besoin de travailler plus. Pour gagner plus ? Faut pas rêver...

Moins de pouvoir d’achat c’est aussi : rendre les gens esclaves de leurs crédits. Si l’on ne change pas radicalement de logique, le système médical sera toujours en déficit : ce n’est pas grave, on augmentera les cotisations ! Les familles françaises (et américaines) sont surendettées avec les crédits faciles, la médecine fait pareille : on emprunte plutôt que d’économiser et de ne pas gâcher !

Le développement durable médical

On apprend à chaque citoyen de la planète qu’il ne faut pas gâcher l’énergie. L’argent de la sécurité sociale, l’argent des assurés sociaux, c’est aussi de l’énergie : de l’énergie humaine.

Avoir un comportement solidaire : c’est penser à ne pas gâcher l’argent pour soi, parce qu’il est nécessaire pour des cas plus graves. C’est ça, la vraie solidarité sociale collective. C’est un conseil que devraient méditer les malades. La seule logique individualiste « Après tout, je paie donc j’y ai droit » conduit à des abus inacceptables.

Il y a des comportements scandaleux : par exemple appeler le médecin à domicile pour rien... J’ai remarqué que c’était surtout quand les gens ne payaient pas d’ailleurs... Demander des médicaments qu’on ne prendra pas : 40% des médicaments qui sont prescrits partent à la poubelle, par exemple les antidépresseurs, heureusement d’ailleurs ! Les français ne sont pas tous dépressifs, bien au contraire. Ils sont par contre fatigués (pour ceux qui travaillent) parce qu’ils ont trop de charges, trop de crédits.

Mes patients ne sont pas tous riches, n’ont pas fait Polytechnique, ni médecine. Et pourtant grâce à leur hygiène de vie, ils ne sont pas souvent malades. Quand ils ont un problème de santé, ils essayent toujours de se soigner de façon naturelle avant de se précipiter chez un médecin.

Les médecins de nos jours, n’écoutent pas, n’examinent pas, n’expliquent rien. Ils ne savent que prescrire des examens complémentaires extrêmement coûteux et des médicaments chimiques toxiques. Les patients ont de moins en moins confiance en certains médecins… Et là je ne fais que vous répéter ce qu’on me dit du matin au soir !

Je crois que les gens en ont assez d’être pris pour des andouilles et des irresponsables. C’est pour cela que le débat après SICKO en a déçu plus d’un : si c’est votre cas, dites le ici !